De l’importance de conscientiser l’usage des pronoms personnels

La langue française est genrée, c’est un fait.
On dit «Bonjour madame», «Bonjour monsieur».
L’appartenance genrée (supposée) est très souvent la première chose que nous allons remarquer chez quelqu’un.e. Cela se joue en quelques secondes : un regard et nous sommes persuadé.e.s que cette personne appartient à telle ou telle catégorie
binaire de la société.
Nos adjectifs, nos noms communs, nos verbes s’accordent au féminin ou au masculin.
Et si la police de l’orthographe fait déjà beaucoup de bruit, la gender police de la langue de Molière est également très virulente.
FAITES LE TEST
Dans une conversation, dites «un table» ou encore
«le fourchette» et comptez le nombre de secondes
qui séparent votre «erreur» de l’intervention
de votre interlocuteurice pour genrer correctement cet objet.
Lorsqu’on parle de quelqu’un.e à la troisième personne, nous utilisons des pronoms pour lae définir. Ces pronoms ont un genre implicite - «il» pour se référer à un homme/garçon
et «elle» pour se référer à une femme/fille.
Nous avons pris la mauvaise habitude de faire des suppositions hâtives sur le genre
de quelqu’un.e en se basant uniquement sur son apparence physique ou son prénom.
Or, ces suppositions :
- ne sont pas toujours correctes
- sont finalement très peu utiles au discours
- encouragent les schémas patriarcaux, binaires et virilistes qui supposent que les individus doivent avoir une certaine apparence pour démontrer leur appartenance à telle ou telle identité de genre.
Utiliser les bons pronoms pour désigner ou parler de/à quelqu’un.e est une façon de lae respecter et de créer un environnement safe et inclusif dans lequel iel peut se sentir considéré.e, compris.e et entendu.e.
Vous viendrait-il à l’idée d’appeler Michelle une personne qui vous dit s’appeler Jacqueline ? Eh bien, les pronoms, c’est un peu pareil..
Si quelqu’un.e prend le temps de vous faire connaître son prénom et ses pronoms, utilisez-les et respectez-les.
Si vous avez un doute (ce qui peut arriver et c’est totalement ok), n’hésitez pas à demander : «Quels sont tes/vos pronoms?»
C’est une manière de prouver à votre interlocuteurice que vous êtes soucieu.x.se de respecter son identité et cela fera toujours moins de dégât que de lae mégenrer.
Normaliser le fait de se présenter avec ses pronoms, surtout si l'on est pas une personne trans/queer.
Ne pas partager vos pronoms sous-entend que vos interlocuteurices doivent
les deviner en fonction de la manière dont vous vous présentez physiquement.
Bien que l’expression de genre de nombreuses personnes reflète leur
identité de genre, ce n’est pas le cas de tout le monde.
Partager ses pronoms permet non seulement de démanteler l’idée que l’expression de genre est toujours égale à l’identité de genre, mais aussi de créer, en tant que personnes cisgenre, un espace safe où les personnes trans et/ou en questionnement peuvent également partager leurs pronoms et être correctement genré.e.s.
Si vous êtes une personne cis, donc, en partageant vos pronoms (dans votre bio, vos signatures de mail ou à l’oral), vous aidez à démocratiser l’usage de la question pour qu’enfin elle devienne aussi banale que : «Et toi, comment tu t’appelles?»
Cher.e.s professionnel.le.s de tous secteurs (mais particulièrement celleux de la santé),
N’hésitez pas à rajouter sur votre site internet (dans votre formulaire de contact)
un encart pour les pronoms d’usage, cela prend 2 minutes et vous permet ensuite de vous adresser correctement à la personne qui aura souhaité prendre contact avec vous.
Il, Elle, Iel, Ael, Al, Ol, Ul, Um, Yol..
Des pronoms, il en existe une multitude.
Avoir des pronoms qui diffèrent de ceux auxquels les gens pourraient s’attendre en vous voyant ou bien le fait d’en changer au cours de votre vie ne rend pas votre existence, votre identité moins légitimes.
Le souci réside dans le regard actuel que pose la société sur la non-conformité de genre.
Nous pouvons toustes prendre des mesures pour veiller à ce que chacun.e soit
respecté.e pour qui iel est et comment iel décide de s’exprimer au monde.
Et si nous sommes capable de bien genrer un objet voire de corriger quelqu’un.e qui
le mégenre (cf. 1ère slide), il est donc à notre portée de rester sur cette bonne lancée lorsqu’il s’agit de s’adresser à d’autres humain.e.s.