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LA TRANSPHOBIE


QU'EST-CE QUE C'EST ?

Par définition, la transphobie désigne les marques de rejet, de violence et d’oppressions systémiques à l’encontre des personnes trans et/ou non-binaire spécifiquement en lien avec leur identité de genre.

Elle peut être individuelle (acte isolé), d’État (psychiatrisation et politisation des identités) ou médicale (refus de soin).

En cause :

• Le manque de connaissances sur les transidentités et de déconstruction sur la binarité

sexuée et de genre.

• La peur de l’étranger, d’individu.e.s qui bouleversent l’ordre établi.

• Les dogmes religieux et patriarcaux.

• Les représentations problématiques des personnes trans dans les médias véhiculant des

clichés mésinformants et utilisant un vocabulaire désuet, innaproprié et trop souvent

insultant.

• La patholigisation, à la fois cause et conséquence de la transphobie.


Qu’elle soit conscientisée, intentionnelle ou non, la transphobie a des

conséquences réelles et concrètes sur le quotidien des personnes qui la

subissent. Isolement social et/ou ostracisation, précarisation, inégalités

en matière de droits et de soins, véritables risques pour sa sécurité... La charge mentale imposée aux personnes transgenres dûe à la vigilance

constante dont iels doivent faire preuve est une des causes majeures de leur

mal-être. (cf. post sur l’impact du stress minoritaire sur la santé mentale)


À l'origine...

Comme la majorité des humain.e.s sont cisgenres et dyadiques (non-intersexe), on a érigé leur biologie, leurs corps, leurs caractéristiques sexuées en modèle unique et universel, invisibilisant, de ce fait, une grande partie de la population. Si le système actuel donne le primat au sexe dit biologique pour définir l’identité d’un.e individu.e, c’est parce qu’il part du principe qu’il n’y aurait que 2 genres (masculin/féminin) calqués sur les 2 sexes biologiques supposément uniques (mâle et femelle) et que ces 2 notions sont indissociables.


La construction de l’identité de genre ayant été théorisée comme l’une des bases fondamentales de la stabilité psychique et de l’identité... il est ainsi compréhensible que si la confusion s’immisce dans une question aussi intime et a priori évidente que celle du genre, plus rien ne semble établi. Or, la différenciation des sexes a été inventée au XIXe siècle par des scientifiques pour justifier les rôles sociaux. Elle a donc peu de valeur.


Une étude rapporte qu’environ 80 % des individu.e.s ne connaissent pas personnellement de personne trans.

Ainsi, la seule représentation qu’iels ont des vies trans est véhiculée par les médias – aussi bien d’informations, qui ne cessent de nous mégenrer, que de divertissements où nos rôles sont joués par des personnes cisgenres – . Les médias nous apprennent à réagir face à une personne trans par le rire, la moquerie, la peur ou l’apitoiement. En tout cas, le plus souvent par le non-respect de son identité. On a, par exemple, volontairement casté des hommes cis pour jouer des femmes trans afin que la transidentité du personnage puisse se remarquer plus facilement. Ce choix de réalisation décrédibilise, tourne en ridicule et transmet l’idée que les femmes trans ne sont finalement que des «hommes déguisés en femme», ce qui provoque, de fait, une représentation biaisée des personnes transféminines attisant une haine transmysogine

et LGBTphobe.


Le message renvoyé aux spectateurices trans : ton identité est insultable, risible, contre-nature, ce n’est qu’un déguisement, tu vas en souffrir et personne ne t’aimera jamais pour qui tu es. Le message renvoyé aux spectateurices cis : vous pouvez vous moquer, humilier, et objectifier les personnes trans en toute impunité puisque nous le faisons sur grand écran.

Ce n’est pas ou peu le cas lorsque le rôle est tenue par une actrice elle-même transgenre, son personnage provoque d’ailleurs, la plupart du temps, une forte empathie chez les spectateurices.

Ainsi, la transphobie prend racine sur des théories et scénarii inventés par des hommes souvent blancs et hétérosexuels pour maintenir le système viriliste et patriarcal en place et invisibiliser les personnes transgenres, non-binaires et intersexes.


OÙ EST-ELLE ?

Transphobie d'état

L’État français, comme beaucoup d’autres dans le monde, est transphobe. Pour preuve :

• La pathologisation et la politisation des identités trans avec la création de la SO(in)FECT

afin de contrôler l’accès au parcours de transition médicale, rendant donc impossible l’auto-

détermination.


• Jusqu’en 2016, une stérilisation était exigée afin d’obtenir un changement d’état civil. Aujourd’hui, il est toujours nécessaire de passer devant un juge pour obtenir cette décision. • Le refus du gouvernement d’autoriser la PMA aux personnes trans. • Les femmes trans sont incarcérées dans les prisons d’hommes niant totalement leur

identité et mettant en péril leur sécurité.

• L’éducation nationale ne met rien en place pour offrir aux élèves transgenres, non-binaires

ou en questionnement un espace safe, secure, et respectueux de leurs identités.


Selon une étude de 2015 : • 55% ont perdu ou se sont vu refuser un emploi en raison de leur identité de genre.

• 54% des personnes trans ont été obligées de conserver leur «apparence d’origine» afin de

garder leur emploi.

• 60% des personnes trans se sont vu privées de soins à cause des préjugés d’un.e

médecin.


Milieu médical

Il semblerait que le statut transidentitaire d’un.e patient.e donne le droit aux médecins de poser des questions intrusives et de pratiquer des examens qui le sont tout autant. Qu’iels viennent pour un rhume ou pour des maux directement liés à la transition, il n’est pas rare que les soignant.e.s s’autorisent à interroger leur sexualité ou leur parcours.

Qu’une personne trans souhaite entamer une transition médicale ou non, son identité de genre, sera, de fait, médicalisée. Parce que pour que la médecine soit en mesure d’accompagner les personnes trans, il faut qu’elle traduise leur demande dans des termes qu’elle connait. Ainsi, pour l’expliquer, elle va aller chercher du côté de la psychiatrie, pathologisant de fait, l’identité trans.


En théorisant «le trouble dysphorique transidentitaire», la médecine devient sachante. Quand elle n’est pas occupée à nous refuser des soins ou à nous discriminer quant à notre transidentité, la médecine sait pour nous. Et comme elle possède le savoir, elle nous regarde avec dédain, sachant pertinemment qu’une grande partie d’entre nous, celleux qui souhaitent passer par une transition médicale, a besoin d’elle.


Pour que la sécurité sociale puisse prendre en charge le parcours, il est nécessaire qu’il s’inscrive dans une catégorie particulière de soins. Si jusqu’en 2010, la transidentité était considérée par la sécu comme une affectation psychiatrique de longue durée, elle est aujourd’hui «hors-liste», ce qui signifie «une affection non inscrite sur la liste mais constituant une forme évolutive ou invalidante d’une affection grave, nécessitant des soins prolongés».


Dating

Dans l’univers du dating, le rejet et l’ostracisation des personnes trans sont dûes à plusieurs croyances :

• lels pensent qu’on les manipule, que l’on ment sur notre identité pour les piéger alors

qu’elleux cherchent de «vrais hommes» et/ou de «vraies femmes». • La question des préférences génitales : ici, c’est l’absence ou la présence de pénis qui

pose problème. D’un côté, il y a celleux qui n’acceptent de dater que des mecs bien bandés et de l’autres celleux qui ne peuvent envisager qu’une femme le soit.

• Il y en a qui, au contraire, sont à la recherche de personnes trans comme d’une expérience à tester absolument. La plupart, nous glorifie dans la chambre, mais ne veulent pas être

vus avec nous en dehors du lit. Le fait d’être attiré.e par des personnes trans parce qu’elles

sont trans, ce n’est pas juste une préférence, c’est de la fétichisation, cela les objectifie et

c’est pas ok.










Ne pas être attiré.e par une personne trans ne fait pas de vous quelqu’un.e de transphobe, nous avons toustes nos préférences physiques et les personnes trans ont toustes des apparences différentes. Mais exclure par défaut et de manière systématique les personnes trans du fait de leur identité, ça, c’est transphobe. Iels ne sont pas un défi, un pari entre potes, une case à cocher dans votre to-do list sexuelle.

Transphobie ordinaire

La transphobie n’est pas qu’institutionnelle, elle peut venir d’inconnu.e.s, de proches ou de collègues sans forcément que l’intention première soit de blesser. On appelle ça la transphobie ordinaire. La première cause étant le manque d’éducation sur nos vécus et le vocabulaire qui s’y rattache. Or, les mots ont un impact, ils portent un héritage, un sous-texte pas forcément perceptible par les personnes non-concernées.


IELS NE SOUFFRENT PAS DE LEURS IDENTITÉS, IELS SOUFFRENT DE LA MANIÈRE

DONT LA SOCIÉTÉ LES REJETTE.


COMMENT LUTTER CONTRE

Être un.e bon.ne allié.e, ce n’est pas simplement dire que l’on a un.e ami.e trans et que du coup, « comme j’en connais un.e personnellement, je peux pas être transphobe ». C’est FAUX. Voire tout aussi peu valide que le fameux ami.e noir.e ou gay.

Tout d’abord, parce que connaître quelqu’un.e ne signifie pas être au fait de son expérience d’ellui au monde et de ce que son existence-même implique comme violence.

Ensuite, retenez qu’il n’y a pas qu’UNE parole trans. Il y a autant d’histoires, de parcours et de pensées sur la question transidentitaire que de personnes transgenres. Il est primordial de varier les points de vue pour tenter d’acquérir une compréhension plus juste du sujet.


Allié.e est un nom commun ET un verbe.

Et comme tout verbe, il pousse à l’action.

En tant que personnes cis, qu’est-ce que vous pouvez concrètement mettre en place ?

Etre où ne pas être allié.e, telle est la question

  1. Être à l’écoute des personnes concernées, de leur vécu et de leurs expériences de la transphobie. Attention, cependant : Le fait qu’une personne trans partage son expérience avec vous ne vous autorise pas à poser des questions intrusives et indiscrètes sauf si iels vous a dit que c’était ok.

  2. Genrer et vous référer correctement aux personnes trans et non-binaires en utilisant les bons prénoms et pronoms.

  3. Vous éduquer par vous-même en lisant, écoutant, regardant du contenu pédagogique sur ces thématiques (ne pas hésiter à se référer aux ressources présentes sur le site).

  4. Reprendre et éduquer les personnes cis de votre entourage, ne pas tolérer les «blagues» ou remarques transphobes. Parce qu’être alié.e, ce n’est pas seulement en présence des concerné.e.s. C’est remettre en question ses relations, afficher son soutien publiquement et ne pas avoir peur d’en parler.

  5. Soutenir les créateurices trans et non-binaires en t’abonnant, en likant, enregistrant et partageant leurs contenus afin que leurs travaux obtiennent davantage de visibilité.

  6. Si vous êtes responsable d’une structure, n’hésitez pas à embaucher des personnes trans/non-binaires et/ou à rendre votre entreprise safe, secure et inclusive pour elleux.

  7. Donner et supporter, dans la mesure de vos moyens, des associations (ex: le FAST d’Acceptess T) ou des cagnottes qui soutiennent les personnes trans et non-binaires, souvent précaires.

S’engager dans une déconstruction des stéréotypes genrés et du rapport binaire aux sexes et aux genres puis reconnaître ses privilèges, sont les premières étapes, très souvent les plus rudes, pour accéder au rang d’allié.e contre les violences transphobes. Une personne déconstruite, ça n’existe pas, alors cis ou trans, on lit, on apprend, on écoute, et on ne cesse jamais de le faire. Pour rappel, la déconstruction n’est pas un état mais bien un processus en perpetuel mouvement.

Dans l’idéal, l’alliance se veut discrète. Même après t’être éduqué.e sur le sujet, tu ne restes qu’un.e allié.e, c’est à dire une personne sensibilisée à la cause, qui la soutient par des actions concrètes, sans pour autant être concerné.e. Ainsi : • Tu peux relayer la parole des concerné.e.s en jouant de tes privilèges qui te donnent accès à une plus large audience. Mais tu ne peux pas parler à leur place ou en leur nom. En manif, tu peux, par exemple, porter un badge allié.e, mais pas être en première ligne ou encore prendre la place d’une personne concernée pour une interview.

• Il y a des endroits (manifs, groupes de parole..) où les personnes trans/nb ou en

questionnement se retrouvent en non-mixité. Il est important de respecter la confidentialité

de ces espaces qui leur offrent un sentiment de sécurité très précieux puisque rare au

quotidien.

• « Si vous aimez mieux une bonne action au grand jour qu’à l’ombre, c’est que vous avez

plus de vanité que de générosité dans le cœur.» Il n’est donc pas nécessaire de se vanter d’avoir fait un don à une association ou repris

un.e collègue de bureau sur une blague transphobe. C’est rajouter à la charge mentale, déjà bien lourde, des concerné.e.s la nécessité de te féliciter.


« Je me suis toujours demandé pourquoi quelqu’un.e n’agit pas à propos de cela...Et puis, je me suis souvenue que j’étais quelqu’un.e. »






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